Le CHDS, un nouvel outil au service de la promotion et du développement du sport en Haïti.

Haïti est un pays de sport. Cette affirmation osée n’est pourtant pas insensée.

Elle est osée, d’abord, au regard des réalités actuelles, de la place marginale qui est accordée au sport par les pouvoirs publics; elle est évidemment osée au constat de l’organisation rudimentaire du sport en Haïti; elle est osée, ensuite, devant l’évidence de la disparition de la culture sportive dans le pays notamment dans les centres urbains; elle est osée, enfin, eu égard aux maigres résultats de nos différents athlètes et sélections dans les compétitions internationales ou régionales, plus particulièrement aux jeux olympiques ou paralympiques.

Et pourtant, Haïti est un pays à grandes traditions sportives. Dès 1900, quatre années après les Jeux Olympiques d’Athènes (1896) rétablis par le Baron Pierre de Coubertin, Haïti était déjà présente à la IIe olympiade à Paris. D’abord grâce à Constantin Henriquez de Zubiera, un franco-haïtien, membre de l’équipe de Rugby français, qui devint à l’occasion de ces jeux le premier athlète de couleur à participer aux JO, mais aussi le premier à remporter un titre olympique. Et surtout, par la participation d’une Délégation haïtienne qui, comme Cuba, l’Inde, l’Iran, le Mexique, le Pérou ou encore la Russie, fit ses premiers pas aux Jeux Olympiques modernes. Sylvio Cator, médaillé d’argent aux Olympiades d’Amsterdam (1928) est aujourd’hui encore, un héros national. Le seul stade de football du pays porte son nom. La génération « Toup pou yo », emmenée par Emmanuel Sanon, championne de la CONCACAF en 1973 et ayant participé à la Coupe du Monde de la FIFA l’année suivante à Munich, a écrit l’une des plus belles pages de notre histoire sportive. A chaque participation haïtienne dans des manifestations sportives internationales, lors de nos compétitions nationales ou s’affrontent des équipes rivales ou encore pour soutenir des formations étrangères (Brésil, Argentine, Lakers, Golden State, Nadal, Federer…) les passions se déchainent. Surtout quand il s’agit du football, le sport le plus populaire en Haïti. La participation haïtienne aux éliminatoires de la prochaine Coupe du Monde féminine de la FIFA (2023) avait cristallisé toutes les attentions. La victoire contre le Mexique des Grenadières avait été reçue avec euphorie occultant le triomphe de l’équipe haïtienne (U21) de Volley-Ball, championne de la Caraïbe.

Si on s’en tiendrait qu’à ces dernières nouvelles, on serait tenté de croire que les choses vont plutôt  bien dans le sport haïtien. Et pourtant, les choses vont mal. La Fédération Haïtienne de Football est en « normalisation » depuis maintenant deux ans. Le mouvement olympique bat de l’aile. Le contexte sécuritaire empêche la tenue régulière des manifestations sportives. L’Etat continue de marginaliser le sport. Parallèlement, la République Dominicaine ne cesse de s’améliorer et de briller sur la scène internationale. Le football voisin conteste sérieusement la suprématie haïtienne sur l’Ile. Au point, de froisser l’égo, même de nos compatriotes les moins chauvins. Même si les plus lucides d’entre nous admettrons que les Dominicains ne récoltent que les fruits de leurs efforts. Des efforts basés sur la remise en question, la règlementation et l’innovation. Au final, il n’y a pas de recette magique, seul le travail paie.

L’idée de la fondation du Centre Haïtien pour le Développement du Sport est née d’un constat. Celui de la désuétude de l’organisation du sport en Haïti, d’un déficit d’encadrement légal et étatique de l’activité des fédérations sportives, d’amateurisme des Clubs et associations sportives, de défaut de statuts des sportifs. Bref, le constat flagrant que le sport haïtien ne se donne pas les moyens de remplir les missions qui devraient-être les siennes. Celles de participer à l’harmonie et à la cohésion sociale, de contribuer au progrès économique et social, d’assurer le rayonnement d’Haïti à l’étranger et de bien d’autres choses encore. Dans l’Haïti d’aujourd’hui, les nombreux pouvoirs du sport sont malheureusement sous-estimés, voire méconnus.

Le CHDS, cette institution haïtienne, constituée de jeunes professionnels de tous les domaines, se veut porteuse d’une nouvelle conception du sport en Haïti qui dépasse largement l’idée de loisirs ou de compétition. Elle veut que le sport soit appréhendé dans toutes ses dimensions, de manière à en faire ressortir son plein potentiel. Elle veut mettre la science au service du sport. Par la recherche, la formation et le consulting, elle veut participer au développement et à la promotion du sport en Haïti tout en se basant sur une approche pluridisciplinaire (droit, économie, gestion, sociologie, géopolitique, management…).

La Gouvernance, l’éthique, le dopage, l’intégrité, les opérations de transfert, la règlementation, les statistiques, le développement des pratiques, la communication (interne et externe), le contentieux sportif, le syndicalisme, l’organisation de manifestations sportives et bien d’autres sujets seront au cœur de nos réflexions.

Cet outil nouveau qui fera tout pour être efficace est désormais la propriété du sport haïtien. Il s’insérera dans l’écosystème actuel en essayant d’y apporter ce complément nécessaire au développement du secteur.  Vive Haïti ! Vive le sport !